Eau de parfum Chergui Serge Lutens

Chergui, le bel oriental aromatique sorti en 2005 par Lutens, s’en va donc souffler le chaud et le froid sur nos nez curieux de cette belle respiration aux multiples visages.

Quand le vent d’Orient souffle ses vents contraires sur Chergui

« Le plus grand parfumeur, ce sont les fleuves, les vents. Il n’y en a pas d’autre. C’est Lui le parfumeur. Les pollens, les abeilles, les insectes, c’est Lui qui a tout diffusé, créé une espèce de répertoire absolument royal, sans parler du répertoire littéraire qui suit. »  Serge Lutens.

Ainsi donc le vent oriental, le chergui, devient le nouveau héros de la fragrance aux multiples facettes signée par le duo emblématique Lutens-Sheldrake nommée, simplement, Chergui. Effectivement nous nous sommes habitués aux noms de parfums plus complexes, plus énigmatiques, tels Vitriol d’œillet ou Clair de musc mais là point besoin de jouer sur les mots car ce que nous propose Lutens avec ce Chergui est un parfum mystère, un tableau olfactif à découvrir. L’anagramme à résoudre n’est donc plus dans les mots mais dans le parfum !

Chergui propose la vision d’un désert qui se colore et se change au gré des vents qui soufflent. Tantôt glacial, tantôt brûlant, Chergui fait souffrir et transpirer de profondes senteurs tous les végétaux qui le subissent. Chergui est pour Lutens « un alchimiste » dont « les rafales persistantes cristallisent arbustes, buissons, baies qui ainsi grésillent, se réduisent et rendent leur ultime rançon, sèves, résines, sucs. ».

Chergui ou le paysage contrasté marocain de bois et de fleurs

Comment symboliser un tableau sous forme de fragrance ? La couleur brune du flacon de Chergui nous évoque bien plus les bois qui tremblent et se plient sous le vent que les douces saveurs confites, sucrées et ambrées qu’il en résulte. La surprise n’en sera que plus grande !

Tout d’abord Chergui s’ouvre sur des notes de menthe et de baies roses aromatiques et glacées comme la bise polaire qui s’abat sur les végétaux orientaux. Pourtant la résine et la sève commencent à s’exhaler parmi ces senteurs froides donnant à ces notes de tête une saveur miellée.

Au cœur, le miel va s’enrober d’épices et d’aromates pour faire s’exhaler les sucs chauds des végétaux touchés par le chergui. Des brassées de fleurs d’oranger, d’iris, de lavande et de rose oseront s’aventurer dans ce vent qui se réchauffe pour faire exhaler leurs parfums divins. L’effet chaud-froid se joue des notes florales et épicées. Enfin les bois secs apportent leur fumée dense et blonde pour se marier à la perfection avec un tabac encore fumant sans oublier, si chères à l’esprit Lutens, quelques notes d’encens et de santal.

Chergui est un parfum complexe et intense qui brosse le tableau d’une nature orientale en pleine tourmente. Une tourmente qui fait s’entrechoquer les froideurs de la bise aux chaleurs des végétaux et des fleurs en pleine lutte active. Cette « cristallisation de la flore » fait naitre un parfum aux multiples visages qui se dévoileront à notre peau si l’on veut bien les laisser se montrer.