En 1921, « Habanita » révolutionne le monde de la parfumerie. On peut dire que c’est grâce à lui que la maison Molinard, pourtant existante depuis 1849, se fait connaitre du grand public. La maison Molinard, elle-même défini sa fragrance comme « une icône de la parfumerie, à la sensibilité à fleur de peau »… Parce qu’« Habanita » est doté d’un esprit musqué non négligeable, certains affirment qu’il est le premier parfum oriental alors que ce « titre » est accordé au mythique « Shalimar » de Guerlain. Quoi qu’il en soit, « Habanita » est une essence féminine ultra sensuelle pleine de charme et de caractère.
Henri Bénard signe le premier chef-d’œuvre de la maison Molinard avec Habanita
En 1921, la mode des parfums est plutôt aux eaux de Cologne et aux compositions soliflores construites sur une fleur, en général, la rose, le jasmin ou le mimosa. Henri Bénard (1874-1939) est le deuxième parfumeur de la maison Molinard et succède à Albert Sittler. Physicien français de renom, et maire de Grasse, Henri Bénard est à l’origine de l’observation des « cellules de Bénard ». Dans les années 20, certaines maisons de couture oseront prendre de gros risques, notamment comme Guerlain avec « Shalimar » (1925) ou encore Chanel avec le mythique « N° 5 » (1925). Avant-gardiste dans l’âme, Henri Bénard va provoquer un véritable bouleversement dans le monde de la parfumerie. En effet, pour la première fois, un parfumeur va oser utiliser du vétiver dans une fragrance féminine. À cette époque, le vétiver est une matière première essentiellement masculine. De plus, il est associé au patchouli et au santal, créant alors un accord oriental inédit ! En 1925, Henri Bénard poursuit son innovation en créant « Le Concreta », le premier parfum solide, à base de cire naturelle de fleurs.
Le vétiver, star du parfum Habanita
Une chose est sûre, « Habanita » est un parfum de caractère que l’on remarque et qui impose son statut. « Habanita » s’affiche d’emblée comme le parfum des femmes glamour et fortes qui aiment séduire et fumer sans se soucier de ce que pense l’opinion publique. Entre puissance, douceur, et sensualité, l’équilibre d’« Habanita » est parfait. Célia Lerouge-Bénard, actuellement à la tête de la maison Molinard affirme « Il a traversé les années. Le faire découvrir, l’éclairer, le renouveler est comme un devoir, une fierté aussi. C’est un défi de faire découvrir aux nouvelles générations une fragrance si complexe, aboutie : cette eau les invite à s’approprier un héritage, une histoire : un secret de femme à vivre ». « Habanita » s’envole sur la fraicheur hespéridée du citron associée à celle de la bergamote. Puis, son cœur évolue vers des tonalités florales et féminines, à savoir celles de la rose, du jasmin et de la fleur d’oranger. Enfin, le fond se gorge de vétiver. Ce dernier se conjugue au patchouli, au santal et à la mousse de chêne, conférant à l’ensemble un accord oriental boisé inédit. En 2012, Célia Lerouge-Bénard remet « Habanita » sur le devant de la scène en lui offrant un nouveau flacon. À la fois chic et moderne, celui-ci se pare de noir verni. La frise dessinée à l’époque par Lalique reste identique faisant alors écho aux Années Folles de la parfumerie…