Quand le grand Kenzo Takada s’intéressa à la parfumerie, il fut évident que cela serait pour nous insuffler en flacon son amour passionnel pour le mélange Asie-Occident, un amour si passionnel qu’il habite toutes ses créations couture comme parfumées. Pourtant avec Kenzo World, les nouveaux directeurs artistiques de la maison Kenzo ont fait le choix de s’éloigner du métissage parfumé tout en continuant à offrir des notes singulières qui viendraient détoner dans le paysage olfactif, un énorme succès est au rendez-vous. Qu’en sera-t-il de ce Kenzo Power qui semble lui aussi être fait pour créer la surprise ?
Quand la liberté sucrée-salée fait force en Kenzo World Power
Carol Lim et Humberto Léon, les deux nouveaux directeurs artistiques de la maison Kenzo, ont effectué sur les collections Kenzo des bouleversement décisifs dans le choix des couleurs et des matières afin de moderniser au maximum le métissage des cultures si cher à Kenzo Takada. Comment imaginer alors que ces deux créatifs talentueux n’en feraient pas de même avec les parfums ?
Et c’est ainsi qu’au beau milieu d’une campagne de publicité déjantée et ultra remarquée, Kenzo World viendra nous offrir par l’intermédiaire du célèbre parfumeur qui l’a créé (Francis Kurkdjian) ses notes délicates de jasmin et de pivoine teintées de la chaleur ultra sensuelle et animale de l’ambroxan.
Pour cette déclinaison de 2019, Kenzo World Power, la donne a changé. Cette fois, c’est le parfumeur Jerome Di Marino qui travaillera sur la composition parfumée de ce Kenzo World en faisant de lui un chaud froid étonnant qui n’a plus de limite dans la radicalité de ses choix, un féminin sans fleur, y croyez-vous ?
« C'est une fragrance sans fleurs. Une féminité réinventée sans floralité... Un concept plutôt inédit en parfumerie. Je voulais que ce parfum fasse écho aux valeurs du 'Gen We'. Optimiste, pluraliste, réel : sans filtre ! » Jerome di Marino à propos de Kenzo World Power dans La Dépêche.
Kenzo World Power, un parfum féminin sans fleur !
De Kenzo World, Jerome di Marino en a extrait sa sensualité foudroyante d’ambroxan pour la conserver en Kenzo World Power, mieux, pour la magnifier en supprimant la pivoine et le jasmin afin de lui offrir un cocktail de notes boisées.
Ainsi de façon assez étonnante, Kenzo World Power s’ouvre sur une note très rare en parfumerie féminine, le cyprès. Effectivement rare, puisqu’habituellement le nerveux cyprès habite les parfums masculins mais pour ce Kenzo World Power, il se montrera comme définitivement très féminin aux côtés d’une note de cœur de cristaux de sel qui affirmera sa puissance boisée tout en le calmant par sa force iodée. Enfin l’ambroxan animal de la composition originelle de Kenzo World laissera place pour cet opus très « power » à une note de fève tonka toujours aussi sensuelle mais bien plus gourmande et ronde, qui se transforme au contact des notes aromatiques-boisées en un élixir séducteur à souhait.
Si ce joli Kenzo World Power ne possède aucune fleur et se joue des matières olfactives traditionnellement féminines pour nous surprendre, rien n’empêchera sa féminité exacerbée de venir nous éblouir de sa singularité !