La Religieuse : Un parfum de mysticisme guidé par la lumière de Lutens
Sortie en 2015, la 70e création parfumée de Serge Lutens étonne au moins autant qu’elle dérange tant son apparente pureté se joue de son brin de provocation.
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Pourtant de ce parfum empreint des mystères de la clairvoyance mystique du parfumeur poète se dégage le symbole d’une pureté toute féminine, née de la douleur de l’isolement. Blancheurs divines et noirceurs ténébreuses se confondent pour mieux faire naître La Religieuse.
Entre le bien et le mal, le blanc et le noir, La Religieuse de Lutens hésite et bouscule...
La création d’un parfum, pour Serge Lutens, se fait comme une œuvre d’art, une photographie ou un roman : un souvenir initial, une douleur passée puis enfin la fulgurance d’un signe qui ouvre tous les champs des possibles.
Pour La Religieuse, Serge Lutens a puisé dans son isolement fertile et voulu d’aujourd’hui à l’ombre de son si cher riad de Marrakech pour remonter vers son exclusion enfantine soumise et érigée par la douleur de ne pas avoir été désiré. Ainsi La Religieuse emprunte la voie d’une rédemption pure et florale tout en s’agenouillant face à des animalités denses et presque maudites.
Le visuel de La Religieuse à la cornette posée sur le flacon se joue de ce contraste saisissant s’étalant dans la noirceur d’un cadre sombre. Esthétique et pure la photo de La Religieuse n’est pas que publicité, elle raconte comme le parfum une histoire. Celle de l’artiste Serge Lutens. Et celle de la féminité aussi. De cette féminité double empreinte d’angélisme enveloppant et de cruauté mal aimante.
« Pour moi, elle [La Religieuse] incarne la pureté sensuelle de la féminité. Celle qui m’obsède depuis toujours. Une femme glacée qui brûle les doigts. Le bien et le mal à la fois. Comme la neige. Blanche, intacte, mais qu’on a envie de piétiner. » Serge Lutens pour La Religieuse.
La pureté de la violette lutte contre la sensualité « interdite » de la note animale
De cette Religieuse qui se cache sous la personnalité trouble de son créateur Serge Lutens, on entrevoit seulement la robe violette à travers son flacon égal à ceux de cette si magnifique collection de fragrances Lutens. Le violet éclatant du jus de La Religieuse s’adonne encore une fois à représenter un Serge Lutens amoureux, passionné même, de la couleur de la violette et du jasmin au point d’en décorer les murs de son magasin fétiche au Palais Royal.
Quant à l’architecture de La Religieuse, elle est à la fois transparente et obscure. Les notes de tête de jasmin pures et aériennes ne laissent rien deviner du cœur sauvage. Puis l’animalité brutale de la civette nous propose ses senteurs violentes et musquées comme une griffe plantée dans la douce fleur. Enfin le bien et le mal finissent par s’accorder tout de même dans le sillage profond mêlant avec subtilité les cotonneux muscs blancs et le mystérieux encens.
L’univers de La Religieuse est austère et contrasté de blanc et de noir, du mal et du bien, de neige cotonneuse et fleurie et de poussière âpre et noircie. Le film créé par l’artiste rend hommage à cette dualité ultime. L’univers de Serge Lutens se confond à celui de cette Religieuse. Ne disait-il pas « La Religieuse c’est moi » ?